Les années 90 furent marquées par la déflation, définie comme une baisse simultanée de la production et du niveau des prix, souvent causée par une contraction du crédit. Ce phénomène avait été observé pendant l’entre-deux-guerres au Japon à la suite de l’explosion de la bulle immobilière. La banque du Japon tarda à réagir pour contrer la baisse des prix, avant d’abaisser à 0% ses taux d’intérêt et s’efforcer de créer de la monnaie de manière à recréer de l’inflation. Pour beaucoup, cela n’était qu’une curiosité historique, mais l’expérience du Japon attira l’attention sur l’existence d’un risque de déflation et sur la nécessité pour les banques centrales de formuler des objectifs de manière symétrique1.
D’une curiosité historique, la déflation est devenue, ces jours-ci, un sujet d’actualité et l’on peut penser que la chute des prix des matières premières et de l’énergie fera passer l’inflation annuelle en zone euro au-dessous de zéro et donc bien loin de la cible des 2 % de la Banque Centrale Européenne, même si celle-ci n’a que très peu de prise sur l’inflation importée2. C’est en réalité l’inflation sous-jacente3 qui est importante.
LA PREMIÈRE COMPOSANTE DE LA DÉFLATION : LA BAISSE DU NIVEAU DES PRIX.
Comme on peut le voir sur le graphique 1, on assiste à une chute de 2 % du niveau des prix de l’énergie, on peut parler d’une « déflation locale ». Sans trop détailler l’analyse 4, on note que l’inflation hors énergie reste positive, mais tout de même assez éloignée de la cible des 2 %. Elle se situe à 0.4% en glissement annuel pour octobre 2014.
La politique monétaire conventionnelle a eu peu d’impact sur les pays du noyau dur de la zone euro et un assouplissement quantitatif à l’américaine ne devrait pas avoir beaucoup plus d’effet. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que les marchés financiers participent beaucoup moins à l’octroi de crédit dans la zone euro, où les banques jouent un rôle plus important qu’aux États-Unis. En conséquence, faire diminuer les taux d’intérêt des obligations souveraines, des entreprises et des titres adossés à des actifs a moins d’impact5.
Le taux de change reste le seul mécanisme par lequel les politiques actuelles pourraient encore avoir un impact, mais l’énorme excédent commercial de la zone euro peut être une limitation à une baisse plus importante du taux de change, même si toutefois la politique moins accommodante de la FED le tire vers le bas.
LA SECONDE COMPOSANTE DE LA DÉFLATION : LA BAISSE DE LA PRODUCTION.
La zone euro est plutôt en situation de stagnation, au cours du troisième trimestre 2014, le PIB a fait un petit bond de 0,2 % par rapport au trimestre précédent, mais ce chiffre n’étant qu’une estimation rapide d’Eurostat, il devrait surement être révisé. Au cours du deuxième trimestre 2014, le PIB avait quant à lui augmenté de 0,1 %. En glissement annuel6 le PIB de la zone euro à cru de 0,8%.
LE FANTÔME DE LA DÉFLATION JAPONAISE PLANE SUR LA ZONE EURO
Il est encore temps d’agir. Nous sommes il est vrai dans une situation assez complexe avec une production qui stagne et un niveau des prix qui est loin d’être rassurant. Il ne faut pas oublier que localement en zone euro la déflation – comme définie plus haut – a existé. La Grèce au cours de l’année 2013 avait un niveau des prix et une production qui avaient tous les deux fortement reculés, passant dans le négatif.
NOTE : (1) Lutter aussi bien contre l’inflation que contre la déflation. (2) réciproquement la déflation importée. (3) à laquelle on a retiré le prix des matières premières et de l’énergie. (4) voir eurostat.ec.europa.eu (5) Les prêts au secteur privé n’ont fait que chuter depuis la crise, mais récemment cela semble s’améliorer légèrement, voir graphique 2 (6) En comparaison avec le même trimestre de l’année précédente
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